Dans les moments de douleur et de souffrance, certaines personnes trouvent un moyen de transmuter leurs émotions en quelque chose de beau, d’apaisant et parfois de thérapeutique. C’est précisément ce que j’ai expérimenté durant les épreuves difficiles traversées. À travers la photographie, j’ai pu exprimer ma peine, trouver du soulagement, et finalement me guérir. La photographie, pour moi, a été plus qu’un simple moyen d’immortaliser des moments ou de capturer la beauté du monde. C’était une véritable thérapie visuelle qui m’a permis de transcender les douleurs que j’ai traversées. Mes autoportraits ont joué un rôle crucial dans ce processus de guérison.
La première étape vers ma guérison artistique a été de faire des trous avec un clou dans la photo, pour faire passer la lumière. Cette action symbolique représentait mon besoin de laisser entrer la lumière dans ma vie, de me libérer des ténèbres qui m’assaillaient. À travers ce geste, j’ai trouvé une forme de catharsis, d’évasion de mes tourments intérieurs. Dans une autre de mes photographies, j’ai décidé de congeler mon autoportrait puis de le briser en morceaux avec un marteau. Ce geste brutal exprimait ma volonté de briser les chaînes de la douleur, de me libérer du poids écrasant de mes émotions négatives. La sensation de cet acte destructeur m’a permis de me reconstruire, de me sentir puissant, capable de surmonter les obstacles. Une autre étape de ma guérison artistique a été d’essayer d’effacer mon visage avec de l’acétone. Ce geste radical symbolisait mon besoin de faire table rase du passé, d’effacer les cicatrices émotionnelles et de me réinventer. Toutefois, ce processus s’est avéré plus complexe que prévu. Le visage était une empreinte indélébile de qui j’étais, de ce que j’avais vécu. Au lieu de l’effacer complètement, j’ai appris à l’accepter, à en faire une partie de mon identité et de ma force. Enfin, j’ai peint le dernier autoportrait avec des couleurs vives telles que le jaune et le bleu, représentant les couleurs de l’Ukraine. J’ai caché mon visage dans mes mains, symbolisant à la fois ma vulnérabilité et ma force face aux horreurs de la guerre. Cette peinture était un moyen pour moi de montrer ma réaction personnelle à ces atrocités et de trouver une forme de guérison par le biais de l’art.
Tout ce travail a été un long processus de guérison. Chaque image capturée, chaque expérimentation artistique, m’a aidé à faire face à mes émotions, à les comprendre et à les surmonter. La photographie est devenue ma thérapie personnelle, mon moyen d’exprimer ce qui était autrement impossible à mettre en mots. Aujourd’hui, je suis fière de dire que grâce à la photographie, j’ai trouvé la force de guérir. Mes photos ont été le témoin silencieux de mon cheminement, un reflet de ma résilience et de ma capacité à transformer la douleur en une forme d’art cathartique.